Nach Moskau! Nach Moskau!
D’après Les Trois Sœurs et Les Paysans de
Adaptation et mise en scène

Nach Moskau! Nach Moskau!
Après la Révolution d’Octobre, le nouveau mouvement du culte du prolétariat avait banni les textes d’Anton Tchekhov des théâtres pour ouvriers et soldats. On lui reprochait d’avoir écrit sur le milieu bourgeois et, par conséquence, il ne pouvait s’adresser qu’à un public bourgeois. Mais, en fait, suite à son séjour d’un an au bagne de l’île de Sakhaline, il ne connaissait que trop bien la situation des défavorisés de la Russie tsariste.
C’est en s’installant en Crimée que Tchekhov écrit les drames dits du théâtre « bourgeois ». Les textes ont été créés dans une phase historique de transition et montrent un pays paralysé du début du XXe siècle en attente de changements. L’aristocratie jouissait encore de ses privilèges, une oligarchie d’industriels et de propriétaires terriens se partageait le pays. Cette paralysie sera symbolisée par Les Trois Sœurs : Olga, Maria et Irina. Leur père, un général de haut grade, est mort. Elles vivent alors dans sa maison en province et se languissent de leur ville natale : Moscou. Dans leur salon se retrouvent les piliers de la société, mais tous sont incapables de surmonter leur léthargie.
Dans sa nouvelle mise en scène, Frank Castorf fusionne et adapte les deux textes. Pour lui la confrontation de la « classe » des démunis avec la léthargie bourgeoise révèle un potentiel social-révolutionnaire, admirablement formulé par Tchekhov, comme un aperçu du XXe siècle et dont on peut deviner les événements historiques futurs, comme la Révolution d’Octobre. La question peut alors se poser : comment se comporter face aux inégalités sociales : résistance ou soumission ? Une thématique aussi actuelle en Allemagne qu’en Russie, ou en France…